Aller au contenu

Le salut, un rituel pas si anondin

De nombreuses pratiques d’arts martiaux incluent au moins un rituel de salut, voire plus.

Assez vite dans l’établissement des modes de fonctionnement du club, nous en sommes arrivés à mettre en place deux types de salut:

  • un grand salut de groupe à l’ouverture et à la fermeture de la partie principale du cours, la section sur l’épée longue médiévale
  • un salut au début et à la fin de tout exercice ou combat entre deux pratiquant·e·s

D’une part le salut dénote une notion de respect mutuel, où chaque personne reconnaît les autres comme une personne équivalente, une personne désireuse d’explorer la voie de la pratique du combat médiéval (entre autres).

Mais ces rituels offrent bien plus que cela.

En suivant un rituel, on offre aussi une possibilité d’entrer dans un nouvel espace-temps, dans un nouvel espace mental.

Avant le salut, on peut avoir l’esprit occupé par le boulot, par la maison, par plein de choses. Mais à partir du moment du salut, on enfile notre « tenue mentale » de l’artiste martial.
Comme parfois changer de pièce nous fait oublier la raison pour laquelle on est entré·e dedans, ici passer par le salut tend à nous aider à oublier notre nous d’avant pour ne pas porter avec soi les tracas extérieurs à la pratique des AMHE.

Quand on salue son ou sa partenaire, on annonce l’ouverture d’un moment où, hors des conventions usuelles de non-agression, nous allons entrer réciproquement dans une dynamique de type agressive, « je vais te porter une attaque avec un élément dangereux ».
Mais cela reste aussi avec le salut de respect mutuel: « je ne cherche pas à te tuer, je cherche à t’aider à évoluer en créant une situation martiale qui permettra à toi comme à moi d’explorer des conditions que nous ne pouvons rencontrer au quotidien ».

Le salut offre donc la bulle de violence simulée, contrôlée, face à laquelle nous tendons à nous entraîner.

Cela ne vaudra jamais la réalité d’une violence du terrain mais ce n’est pas ce qui est recherché non plus. Pour apprendre, il faut commencer par des situations faciles qui se compliquent au fur et à mesure, c’est ce que cette simulation de violence offre. Avec toutes les limites de toute simulation.

La prochaine fois que vous faites un salut au cours, avant et après un duel, prenez une respiration pendant laquelle vous passerez en revue ces notions.
Cela pourrait changer beaucoup de choses dans votre pratique.

Quand vous donnez un coup d’épée, quand vous faites une défense, soyez à votre coup d’épée, soyez à votre défense.

Quand vous saluez, également.

N.B.: c’est suite à la lecture de cet article que cela a déclenché mon envie de partager un bout de mes vues sur la question:

https://www.pascal-aubrit.fr/salut-delimitation-symbolique/


Laisser un commentaire